Portrait de Christophe Chabot

Portrait de Christophe Chabot 
 « Pour comprendre le présent, il faut connaître le passé » 

Christophe Chabot est une personnalité complexe qu'on a l'impression de ne jamais totalement connaître. Son parcours familial, professionnel, politique, associatif, c'est finalement lui, ses partisans et ses détracteurs qui en parlent le mieux. 

« Tout ce que je fais dans ma vie est la concrétisation de mes rêves d'enfant ». Il reconnaît une enfance heureuse, entouré de trois grandes soeurs, avec une maman au foyer et un papa instituteur. Une figure paternelle déjà omniprésente au sein de leur commune, La Chapelle-Hermier, « mon père a créé le club de foot et a été le premier adjoint au maire ». Un père modèle, une personne « extrêmement intégrée », mais c'est de sa mère qu'il tient la fibre « patron », elle qui était fille de commerçants. 
La famille Chabot seule ne peut pas expliquer totalement Christophe. 

Voilà quelques années, il se confiait ainsi : « je me suis fait virer de partout, de l'école, des transports scolaires. A 16 ans j'étais serveur, ensuite j'ai nettoyé les poubelles de la ville, tenté de vendre des maisons avec quelques copains, sans grand succès. Bref, je ne foutais pas grand-chose ! ». Romancés ou non, ces propos font désormais partie de la légende d'un homme aimant se présenter comme un « autodidacte ». 

A 21 ans, « j’étais sur un stand à exposer mes maisons. Un monsieur passe devant moi et me demande : la véranda, vous connaissez ? » L’homme, c’était Gilles Martin, le créateur de Vérandas de l’Ouest. Un échange de cartes « comme ça », ça aurait pu en rester là. Une femme allait changer le cours de sa vie « ma chérie m’a appelé pour m’annoncer que j’allais être papa, j’ai rappelé monsieur Martin. Dans la foulée, je signais…» et l’aventure commençait, il dégotait un travail sérieux chez Vérandas de l'Ouest, directeur de la communication. 
Fondée en 1981 par Gilles Martin, l'entreprise surfait alors sur un marché en plein essor et grandissait vite. En 1986, les trois salariés d'origine étaient devenus 350. Un an plus tard, la boîte était rachetée par Pechiney, le géant français de l'aluminium, et rebaptisée Akena, en référence à Akhenaton, le pharaon créateur du culte du soleil. « Pechiney a voulu créer une machine, tout changer, ça a été la catastrophe, le choc des cultures », c'était les autodidactes vendéens, "les ploucs", contre le polytechnicien. Vérandas de l’Ouest, devenue Akena, perdait son âme et Christophe Chabot claquait la porte. 
Il allait alors fonder Soko à Aizenay et avait débauché des bras d'Akena, façon « ANPE perso ». Le chiffre d’affaires de Soko progressait notablement quand celui de Akena dégringolait. « De 1987 à 1998, Akena a changé sept fois de propriétaires, revendue de patates chaudes en patates chaudes, pour finir dans les mains d’un fonds de pension américain qui a ponctionné la trésorerie…». 
Soko était devenu concurrent de Akena et un des détracteurs de Christophe Chabot se souvient aujourd'hui : « Il a tout fait pour empêcher le fonctionnement d'Akena, qu'il a quitté avec le fichier clients, provoquant sa dégringolade. Il n'avait plus qu'à attendre que ça coule pour racheter Akena au franc symbolique... ». Des propos invérifiables, mais qui, comme de nombreuses autres rumeurs, alimentent le portrait parfois peu flatteur de Christophe Chabot. Un homme intelligent, instinctif et rusé, décrit-on localement, mais pas du genre à s'embarrasser de scrupules lorsqu'il s'agit d'atteindre ses objectifs... 

Mi-août 1998, Christophe Chabot était sur le point de partir en vacances, quand « je lis dans le journal le dépôt de bilan d’Akena ». A la barre du tribunal décidant l'avenir de Akena, il avait été le repreneur choisi, au nez des grands, « avec le plus petit chèque ». Il retrouvait alors son « bébé », un brin amoché, « des gens qui avaient perdu tout intérêt pour leur travail, qui attendaient que la mort vienne…» Restent aujourd'hui les faits et les résultats d'un certain entêtement. Christophe Chabot a fait de Akena le leader français et européen du marché, une boîte dans laquelle tout le monde file droit, même les syndicats. Là, comme ailleurs, Christophe Chabot manage avec un gant de fer. 

Si l'obstination mène parfois au succès, ne risque-t-elle pas aussi de déboucher sur une certaine forme de déraison ? La question se pose forcément lorsque l'on s'intéresse à l'autre grande passion de Christophe Chabot : le football. Un domaine où, cette fois, sa persévérance lui a valu plus de déconvenues que de victoires. 
Tout avait pourtant bien commencé : en 1985, Christophe Chabot prenait la présidence des mythiques marsouins bretignollais. En une quinzaine d'années, le club local grimpait de sept divisions, jusqu'à accéder à la CFA 2. Un succès acquis en attirant dans l'équipe d'onéreux « mercenaires », pour booster les résultats, grincent certains qui en conservent aujourd'hui encore un souvenir aussi cuisant qu'amer. « Il voulait absolument briller par le biais des marsouins et sa force de persuasion a fait qu'il a embarqué les dirigeants dans son délire, glissent quelques anciens footeux. Tout le monde était content, le club gagnait et brillait, mais à quel prix ? Une fois élu maire il a laissé tomber le club, endetté et déstructuré... ». Cette fin en eau de boudin n'avait pourtant pas refroidi le bouillant Chabot. 
En 2012, il avait tenté d'acheter le FC Nantes à Waldemar Kita. L'offre, insuffisante (4 millions d'euros contre les 12 demandés), lui avait valu un refus dédaigneux de l'homme d'affaire franco-polonais, un autre modèle d'obstination. Mais si l'épisode avait fait ricaner bon nombre d'observateurs, qui diagnostiquaient une folie des grandeurs, le patron d'Akena persévérait néanmoins, enchaînant les échecs, dans la fusion des clubs yonnais avec celui de Luçon puis à la présidence du LRVF (La Roche Vendée Foot). 

Christophe Chabot n'aime pas qu'on lui résiste. « Il est frontal, et n'hésite pas à affirmer qu'il se nourrit de la haine de ses ennemis, lâche l'un de ses nombreux détracteurs. Un petit despote local auquel il faut néanmoins reconnaître une grande force : sa grande capacité de persuasion » Illustration en matière politique quand, en 2010, il avait ravi la présidence de la nouvelle communauté de communes Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Suite à de fines manoeuvres, il délogeait Marietta Trichet, la maire de Coêx, d'une fonction qui aurait dû lui revenir. 
Côté politique, c'est un « élu atypique qui n'a jamais appartenu à aucun parti » , croit savoir un cadre d'une formation politique. « Ça fait 15 ans que je suis de gauche et de droite. Ce que j'ai toujours détesté dans les partis historiques, c'est ce refus de partager les idées et d'accepter celles des autres », explique l'intéressé, qui s'est toujours présenté sans étiquette. « II n'a pas besoin de la politique pour vivre, ce qui le rend insaisissable, incontrôlable. Trop colérique, trop instable.., les partis n'ont pas non plus insisté pour qu'il rejoigne leurs rangs ! », ironise un cadre de LR (Les Républicains). Car l'élu gère les affaires publiques comme ses boîtes : à l'instinct. Et seul. « Il a tout réussi dans ses affaires, et a toujours gagné les élections auxquelles il s'est présenté. Donc il a une idée qu'il estime bonne, il ne comprend pas qu'on puisse s'opposer à lui. Cette certitude d'avoir toujours raison peut, si on le contrarie, le pousser à de grandes colères et de multiples excès. Paradoxalement, il peut aussi faire preuve d'une grande empathie... avec des personnes allant dans le sens de sa pensée », décrypte l'un de ses anciens collaborateurs. « Depuis quelques années, je me suis calmé. J'ai appris à prendre sur moi pour dépasser ce débat personnalisé concernant le port », explique-t-il, avant de faire vibrer la corde sensible. « Reste que je conserve des blessures fortes. Et si moi je parviens à gérer tout cela, ma femme et mes enfants beaucoup moins... Mais qui s'en préoccupe ? Tout le monde s'en fout », les médias au premier chef, selon lui, « qui n'en ont que pour les opposants » 

Le gros caillou dans sa chaussure, c'est le projet de port de plaisance de Bretignolles, qui fait pleuvoir les critiques autour de lui. « Ça me touchait beaucoup avant », balaie l'édile d'un revers de main. Il se protège pour mieux préserver son entourage, qui a parfois payé le prix de ses coups de sang médiatiques. « Aujourd'hui, je suis bien moins agité qu'il y a dix ans », assure-t-il. Un chef de bande, qui dans dix ans, se verrait bien encore dans le foot. 

En découvrant son parcours lié au projet de port de plaisance de Bretignolles-sur Mer, chacun pourra se faire une idée plus précise de ce qu'est réellement Christophe Chabot au travers de ce qu'il a fait, de ce qu'il a dit et de ce qu'il a écrit. 

La suite vendredi

Sources croisées : 
Le Journal du Pays Yonnais du 28 novembre 2013 
Ouest-France du 12 août 2016 
Médiacités du 5 décembre 2019, article rédigé par Fabrice Hodecent

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire