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Le blocage du chantier par les gardiens de la dune

 Chapître : Le début de la fin (2019)

2 - Le blocage du chantier par les gardiens de la dune

« C'est bien gentil la kermesse mais ce n'est pas ça qui va faire bouger les choses » avaient claironné les opposants au projet de port de plaisance à Bretignolles-sur-Mer en Vendée lors de la manifestation du 6 octobre 2019.

Dans la foulée de la manifestation du dimanche 6 octobre, une vingtaine de manifestants s'étaient organisés pour installer une ZAD (Zone A Défendre) sur un terrain privé proche des travaux du site de La Normandelière. Ils avaient passé la nuit de dimanche à lundi sur place afin d’empêcher la reprise des travaux.

Le lundi 7 octobre 2019, dès potron-minet, c'est plusieurs dizaines de personnes de Bretignolles-sur-Mer et des communes voisines, qui étaient venues en soutien des zadistes appelés familièrement « gardiens de la Dune » pour bloquer les engins de chantier, celui-ci avait dû être arrêté dans le courant de la matinée. 

La direction générale des services de la communauté de communes du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie avait indiqué que cette décision avait été prise « pour ne pas causer d’accident sur le chantier », tout en rajoutant que l’arrêt du chantier était effectif pour un laps de temps « espéré le plus court possible » et que des moyens seraient mis en œuvre pour rendre les travaux les « plus sûrs et les plus hermétiques possible ». 

Lors d'un conseil municipal extraordinaire, le 7 octobre 2019, Christophe Chabot avait demandé l'évacuation de la ZAD et la reprise des travaux.






Le mardi 8 octobre 2019, une nouvelle tentative de reprise de travaux avait échoué. Plusieurs dizaines d'opposants, zadistes et population locale, avaient formé une chaîne humaine devant les pelleteuses, ce qui avait entraîné l'arrêt du chantier tôt dans la matinée.

A compter de cette date, la communauté de communes, porteuse du projet, avait décidé de stopper provisoirement le chantier « face au risque d’accident ». La collectivité, qui recommandait alors aux promeneurs de ne pas se rendre sur les lieux pour des raisons de sécurité, avait indiqué avoir porté plainte contre « les nombreuses infractions dont se rendent coupables les individus » sur place. Elle attendait désormais les « décisions de justice qui permettront la reprise des travaux ».

Le 8 octobre 2019, Christophe Chabot était interviewé sur FR3 Pays de Loire :
« La journaliste : Bretignolles-sur-Mer/Notre Dame des Landes même combat, vous craignez l'enlisement comme ça s'est produit ici tout près de Nantes ?
Christophe Chabot : Non aujourd'hui il est trop tôt pour craindre quoi que ce soit, moi je n'ai pas de compétence pour vous dire ce que va devenir le comportement des zadistes.
La journaliste : vous dites en tout cas qu'ils ont obtenu gain de cause parce que vous êtes obligé de stopper les travaux clairement
Christophe Chabot : je suis obligé parce que j'ai été évacué manu militari par ces gens-là qui sont prêts à tout avec des propos très pacifistes mais je peux vous dire que j'aurais pu venir accompagné ce soir des vigiles qui ont pris des coups aujourd'hui, qui pourraient vous dire qu'ils n'étaient pas du tout pacifistes mais c'est pas tellement le sujet ..
La journaliste : vous avez été victime de menaces, de quel ordre ?
Christophe Chabot : de tout ordre mais ce ne sont pas les zadistes qui m'ont menacé , ce sont des habitants de Bretignolles qui me détestent depuis longtemps mais c'est pas le sujet, le sujet madame c'est que ce soir je suis le maire d'une commune qui est interdit de séjour sur une partie de sa commune
La journaliste : vous ne mettez plus les pieds à Bretignolles-sur-Mer depuis quand, vous y allez encore quand même ?
Christophe Chabot : non, non, je suis à Bretignolles, j'étais sur les lieux et j'y retourne demain, j'organise en ce moment des réunions de travail sur le sujet mais le sujet c'est comment est-ce qu'on fait pour que la situation ne dégénère pas à Bretignolles-sur-Mer, comment est-ce qu'on fait pour qu'il n'y ait pas de conflit entre pro zadistes et anti zadistes, comment est-ce qu'on fait pour retrouver le calme sur notre territoire
La journaliste : vous demandez par exemple aux forces de l'ordre d'intervenir pour déloger les zadistes même s'ils sont sur un territoire privé ?
Christophe Chabot : nous allons le faire évidemment dans les règles, nous avons déposé un certain nombre de plaintes mais je suis plutôt inquiet parce que, aujourd'hui, je ne suis pas sûr que les Bretignollais et peut-être plus généralement les Vendéens vont attendre que les décisions de justice soient prises, je vais vous dire que je ne maîtrise rien et je n'entends pas d'ailleurs ….
La journaliste : c'est à dire , il y a des habitants de votre commune qui pourraient s'en prendre à des zadistes ?
Christophe Chabot : non, non, non, non, il n'y a pas de gens qui sont venus me tenir ce langage. Je dis simplement que cette ZAD qui est en train de s'installer, s'installe au cœur d'une zone urbaine et quand on fait la comparaison avec Notre-Dame-des-Landes il faudrait vraiment comparer les choses, on n'est pas du tout …
La journaliste : il y a des risques d'affrontement ?
Christophe Chabot : il y a des risques d'affrontement et rien ne prédispose les Bretignollais et peut-être plus généralement les Vendéens à accepter une telle situation. Maintenant c'est tellement récent que je ne peux pas vous dire …
La journaliste : ce que vous nous dites ce soir, c'est que les travaux ne pourront pas reprendre demain, merci beaucoup Christophe Chabot
Christophe Chabot : nous avons terminé la première phase de travaux qui était prévue, il n'y a pas de travaux à reprendre madame, il faut être très clair
La journaliste : les travaux du port , en tant que tels, devront eux normalement commencés en janvier. Merci Christophe Chabot d'avoir été notre invité »

Le 8 octobre 2019, sur TV Vendée, Benoît Brocart, préfet de la Vendée, commentait la situation : « par rapport aux tentatives de blocage qui sont observées depuis 48 heures, là aussi elles appellent une réaction de l'autorité judiciaire qui est saisie pour déterminer les conséquences et les suites à donner à ces blocages. Vous l'aurez compris, moi dans cette affaire, que ce soit sur le fond ou dans la façon d'assurer, de maintenir ou de rétablir l'ordre, je suis partisan du respect de la Loi et de l'Etat de Droit »

C'était des zadistes, « gardiens de la Dune », regroupant principalement des personnes du cru contre le projet, aidés et soutenus par une partie de la population locale, qui avaient réussi l'exploit de bloquer les travaux du port de plaisance avant qu'ils ne soient trop avancés, ce que n'auraient pas pu faire les associations environnementales engagées dans des procédures judiciaires de longue durée.

Le 8 octobre 2019 était une date charnière marquant l'arrêt des travaux du projet de port de plaisance sur le secteur de la Normandelière et, on le sait aujourd'hui, c'était bien un arrêt définitif.

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