Chapitre : le complotisme (2011 - 2012)
1 - Le résultat de la première enquête publique : un gros désaveu et une grosse colère
La mairie de
Bretignolles-sur-Mer réagissait immédiatement après le résultat
de l'enquête publique, le 19 décembre 2011, dans un communiqué de
presse : « Après quatre mois
d'attente, le 16 décembre 2011, à 17 heures, la Préfecture de la
Vendée a remis à Monsieur le Maire le rapport de la commission
d'enquête sur le projet de port de Bretignolles-sur-Mer.
Concluant a un avis défavorable pour chacune des 7 enquêtes, ce rapport consternant a mis K.O. l'ensemble du conseil municipal.
Concluant a un avis défavorable pour chacune des 7 enquêtes, ce rapport consternant a mis K.O. l'ensemble du conseil municipal.
Au mépris de l'énorme
travail effectué par les bretignollais depuis 10 ans, des nombreuses
études, des 75 % d'opinions exprimées favorables au projet,
bafouant les conclusions de nombreux services de l'Etat, 4 membres
sur 5 de la commission d'enquête ont sabordé le projet
bretignollais.
En reprenant grossièrement
l'intégralité des arguments développés par des personnes opposées
au projet (sans aucune étude démontrant leurs propos), la
commission fait table rase du dossier municipal soumis à enquête et
va même jusqu'à surenchérir au-delà des arguments des opposants,
allant jusqu'à en inventer de nouveaux, qu'eux mêmes n'ont pas osé.
Véritable plaidoirie à
charge, truffée d'erreurs matérielles, d'approximations et de
mensonges inacceptables, ce rapport est considéré par la
municipalité comme une insulte à la population bretignollaise et à
la démocratie en général.
Nous invitons tous les
bretignollais qui ne se reconnaissent pas dans les avis formulés par
la commission d'enquête à nous rejoindre et à ne pas laisser 4
personnes remettre en cause l'avenir qu'ils ont choisi.
Nous entamons ce jour un
combat et présenterons à la population un important plan d'actions
lors de la cérémonie des voeux qui aura lieu le samedi 7 janvier
2012 à 18 heures à la salle des fêtes de Bretignolles-sur-Mer. »
Le 20 décembre 2011,
Christophe Chabot intervenait longuement dans la Grande Emission de
TV Vendée. Ce fut un grand moment télévisuel que nous restituons
dans l'intégralité du texte, un grand moment de comédie qui
restera dans la mémoire collective locale :
« Première partie de
l'interview
Le journaliste : Comment
avez-vous appris cette décision de la commission d'enquête et de
quelle manière ?
Christophe Chabot :
Ecoutez, j'ai récupéré le dossier, le rapport de la commission
d'enquête vendredi après midi à 17 heures en préfecture, une dame
me l'a remis, sans commentaire, elle n'était pas là pour en faire,
et donc on s'est plongé dedans instantanément. On a regardé la
dernière page mais on a regardé quelques pages au hasard sur place
et la première phrase que nous avons vue quand j'ai ouvert le
dossier c'est le projet de port est implanté sur un site Natura 2000
ce qui est une énormité. Déjà je suis tombé dessus par hasard et
pour vous dire, je suis tombé dessus dans l'ascenseur et donc, quand
on est arrivés, j'étais avec mon collaborateur, on est descendus,
sortis de l'ascenseur, dans les premiers bureaux de la préfecture
qu'on a trouvés, on a commencé à lire le document et ça été le
chaos.
Le journaliste : Le ciel
vous est tombé sur la tête ?
Christophe Chabot : Oui,
parce qu'on avait compris qu'il était en train de se passer quelque
chose, on avait écouté une commission d'enquête extrêmement
fermée avec un président à la limite de l'arrogance qui a passé
son temps à nous provoquer, à me provoquer, je comprends mieux
pourquoi aujourd'hui, évidemment on racontera ça dans les détails
ultérieurement.. Je peux vous dire que dès le premier jour où il
est arrivé, les premières phrases qu'il nous a dites : "je
sais beaucoup de choses sur le projet de port de plaisance parce que
je visite beaucoup les blogs des opposants et je sais beaucoup de
choses sur vous personnellement",
voilà ce qu'a été la mise en scène … je ne plaisante pas parce
que je ne suis pas d'humeur pour tout vous dire et il y avait une
énorme incertitude avec les collègues, on pensait que c'était un
souci de rester loyal et donc une façon de marquer le terrain, de
dire c'est pas la peine monsieur le maire d'essayer de me séduire
parce qu'une commission d'enquête n'est pas …
Le journaliste : il faut
quand même dire que cette commission d'enquête a été désignée
par le président du Tribunal Administratif de Nantes, ce sont des
personnes qui sont des proviseurs de lycée en retraite, un chef de
subdivision de l'équipement, le président est un commandant de
police honoraire.
Christophe Chabot : oui,
ça a donné le ton de la forme qui était permanente.
Le journaliste : ce que
vous sous-entendez, c'est que, dès le départ, le président de la
commission d'enquête avait un avis défavorable ?
Christophe Chabot : on
avait un énorme doute, on pensait que c'était pour rester loyal, je
dis très clairement que l'avis de la commission d'enquête était
fait avant et tout ce qui est écrit le confirme.
Le journaliste : Alors,
nous, on a essayé de le joindre hier par la rédaction de TV Vendée
et il n'a pas souhaité faire de déclaration, il nous a simplement
dit qu'il était consterné que vous soyez consterné.
Christophe Chabot :
Ecoutez, ce que je peux vous dire qui est encore plus consternant et
qui est une révélation ce matin, si vous n'avez pas pu le joindre,
lui a pu me joindre hier soir. Il s'est permis de m'appeler à mon
domicile pour me proférer un certain nombre de menaces hier soir,
malheureusement pour lui, j'ai pu enregistrer cette conversation que
je vais remettre aujourd'hui au préfet de la Vendée.
Le journaliste : il a
appelé de lui-même ?
Christophe Chabot : il m'a
appelé hier soir à mon domicile personnel en récupérant mon
numéro de téléphone, qui est sur liste rouge, chez un de mes
collègues. Il n'a pas apprécié le fait que je traite son équipage
de pieds nickelés, comme ça, ça m'est venu spontanément dans une
interview à Ouest-France hier après-midi. Vous savez, les pieds
nickelés c'est une bande de petits voleurs qui sont tellement
maladroits qu'ils n'arrivent jamais à dépouiller les gens qu'ils
veulent dépouiller. Eh bien, je trouve que ça correspond bien parce
que faut quand même savoir une chose très claire c'est
qu'aujourd'hui le document qui a été rédigé est, en grande
partie, mensonger, inventé et, comme je l'ai dit d'ailleurs depuis
deux jours, certain nombre d'arguments développés par la commission
d'enquête sont encore plus énormes que n'ont même pas osé le
faire …
Le journaliste : alors
vous dites qu'ils font la part belle aux opposants. En même temps
dans une commission d'enquête on entend les opposants et ceux qui
sont favorables aussi, ils ont plutôt mis en avant les arguments des
opposants, par exemple ?
Christophe Chabot : Il
faut savoir que chacun des rapports de la commission d'enquête
commence par deux énormes mensonges. Le premier c'est de dire qu'il
a été obligé de faire une réunion publique parce qu'il n'y en a
pas eu assez et notamment qu'il n'y en avait pas eu depuis trois ans
et demi et que le projet avait été énormément modifié depuis les
dernières réunions.
Le journaliste : d'abord
le montant, le montant est passé de 45 millions d'euros à 30
millions d'euros ?
Christophe Chabot : Oui
qu'il considère comme une faute dans le dossier, c'est
extraordinaire.
Le journaliste : il n'a
pas pu analyser le dossier correctement parce que le bon montant n'y
était pas, il a changé entre temps ?
Christophe Chabot : C'est
extraordinaire, alors ce qu'il faut savoir quand même et nous en
avons la preuve parce que la réunion était filmée et donc on va
évidemment remettre tous les documents à la préfecture, la
dernière réunion qui a eu lieu sur le projet de port de plaisance a
eu lieu moins de 2 ans avant et le projet n'a subi aucune
modification depuis cette réunion donc c'est un premier mensonge. Il
y a un deuxième mensonge qui est énorme, sur les 7 enquêtes
publiques, depuis le début, c'est que la commission d'enquête nous
fait le reproche que nous n'avons pas, quand les gens sont venus en
mairie, fourni suffisamment de documents, notamment de photos ..
alors il faut que vous sachiez que c'est le président de la
commission d'enquête lui-même qui nous a demandé de les retirer en
considérant qu'ils avaient l'air trop commerciales. Les photos que
nous avons voulu mettre ont été retirées à la demande du
président de la commission d'enquête.
Le journaliste : le
président qui sous-entend aussi que les choses n'étaient pas
suffisamment claires auprès de la population, que certains se sont
présentés avec des cartes d'identité en pensant que c'était un
référendum ?
Christophe Chabot : Ah
oui, ça c'est très marrant, ça laisse sous-entendre que les gens y
vont pour faire plaisir, vous savez les 75% de gens qui se sont
prononcés soit pour faire plaisir au maire de Bretignolles, soit par
peur des représailles, je ne sais pas si vous imaginez l'aspect
hallucinant de la chose !
Le journaliste : vous
aviez un référendum en 2003 ?
Christophe Chabot : on a
fait un référendum en 2003, on a fait une consultation en 2008 qui
est les élections municipales où la liste Réussir
Bretignolles-sur-Mer qui porte le projet est passée dès le premier
tour avec plus de 60% des voix. Enfin bon écoutez , aujourd'hui on
parle de 75% d'avis favorables, je voudrais vous dire que dans la
population Bretignollaise c'est 84% d'avis favorables.
Le journaliste :
c'est à partir de quoi ce chiffre ?
Christophe Chabot : On a
compté, nous tous les soirs on comptabilisait le nombre de gens qui
avaient répondu et on séparait également .. c'est contesté
d'ailleurs par personne, alors les énormités du dossier ..
Le journaliste : qu'est-ce
qui vous choque le plus, quel est l'argument qui vous choque le plus
?
Christophe Chabot : Alors
écoutez il y en a deux, les deux plus énormes et plus faciles à
comprendre. Nous avons actuellement en mairie de Bretignolles, remis
d'ailleurs à la commission d'enquête, cinq énormes classeurs qui
représentent les 1981 pré-réservations de demandes d'anneaux dont
1400 de Bretignolles-sur-Mer ou de résidents secondaires. Il y a
9000 maisons à Bretignolles, il y a 1400 propriétaires qui
voulaient un anneau dans le port. Par une opération qui pourrait
être celle du Saint-Esprit la commission d'enquête considère que
..
Le journaliste : un calcul
pour affiner en fait le véritable nombre, c'est ce qu'il dit, je
cite : "il convient
de prendre en compte pour connaître le nombre de réservations
réelles le risque d'inscriptions multiples, la pratique courante du
désistement, la réactualisation du prix définitif, l'activité
spéculative qui peut provoquer une inflation du prix de vente, au
final, on peut espérer 625 réservations réelles."
Christophe Chabot : 625,
même pas la moitié, le tiers, la moitié de ce que peut accepter le
port, le tiers … Il part du principe qu'il peut y avoir de la
spéculation des gens qui s'inscrivent ailleurs, il me semble que si
les 1400 Bretignollais qui sont inscrits ailleurs obtiennent un
anneau dans le port de Bretignolles, c'est sans doute à Bretignolles
qu'ils vont le mettre de préférence donc notre port sera plein
c'est sûr. D'ailleurs on a un problème, c'est qu'on n'arrivera pas
à répondre à la demande locale déjà avec nos 1100 anneaux. Mais
à partir de là, il en déduit un tiers et le 2ème tiers qu'il
déduit, il prend la déclaration du maire de
Saint-Gilles-Croix-de-Vie qui lui dit "il
faut enlever 50%". A
partir de ça, voilà leur statistique appliquée et il considère
que le port ne sera rempli que de 625 anneaux mais ce qui est
extraordinaire c'est que dans l'étude financière qu'il propose le
port ne sera rempli que de 625 anneaux en permanence pendant 30 ans,
c'est pas pendant 1 an ou 2 c'est pendant 30 ans. Il dit que le devis
qui a été effectué par la commune, il n'est pas de 33 millions
parce qu'il le considère comme pas recevable, c'est pas assez cher
donc il prend comme étude financière 45 millions d'euros.
Evidemment 45 millions d'euros amortis avec 625 bateaux, ça fait un
déficit annuel de 320 000 euros.
Le journaliste : ce qui
peut être surprenant dans le rapport d'enquête, c'est certains avis
qui peuvent paraître subjectifs, par exemple : "la
station balnéaire de Bretignolles a un caractère familial de
vacances affirmé et qu'un projet d'envergure lui ferait perdre son
caractère identitaire d'aujourd'hui."
Est-ce que ça c'est le rôle d'une commission d'enquête ?
Christophe Chabot :
Attendez, la commission d'enquête s'est permise non seulement de
faire des déclarations subjectives mais de nous faire aussi un
certain nombre de suggestions très précises, elle nous préconisait
d'entretenir nos trottoirs et nos routes, qu'on ferait mieux de faire
un centre de thalassothérapie, un centre de congrès .. La
commission d'enquête conclut, sans doute comme l'ont suggéré
quelques personnes, sans doute 4 ou 5, un centre de thalasso serait
plus intéressant économiquement, un palais des congrès, voilà ce
que propose … c'est une fumisterie. La deuxième fumisterie majeure
quand même , ça concerne la navigabilité, l'accessibilité du port
de plaisance. Il faut savoir que l'Etat a organisé ce qu'on appelle
une Grande Commission Nautique composée de 27 professionnels de la
mer qui va d'un amiral aux marins pêcheurs en passant par la SNSM,
les voiliers et tout ça, et cette commission officielle a validé, à
l'unanimité, la navigabilité du port de plaisance en disant qu'il
ne présentait pas de danger particulier, pas plus qu'aux Sables
d'Olonne ou à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Eh bien, nos 4
commissaires enquêteurs qui n'ont jamais mis les pieds sur un bateau
sauf le 11 août, qui ont mobilisé un bateau de la marine nationale
pour aller sur le site, c'est extraordinaire parce que vous avez vu
ce bateau énorme de la marine nationale le 11 août à l'entrée du
futur chenal de Bretignolles, la mer était étale. Eh bien, ils ont
considéré que l'entrée était dangereuse et donc ils disent ce
port n'est pas navigable.
Deuxième partie de l'interview
Le journaliste : Vous avez des réactions depuis hier ?
Christophe Chabot : oui,
on a beaucoup de réactions, beaucoup d'indignation, beaucoup de
déception, attention, il ne faut pas qu'on cache qu'on est KO on va
organiser ..
Le journaliste : on en
parlera tout à l'heure, vous dites dans le communiqué que ce
rapport bafoue les conclusions de nombreux services de l'Etat, pour
quelles raisons ?
Christophe Chabot : Bien
écoutez, faut savoir que ce dossier on travaille dessus depuis 10
ans avec les services de l'Etat, que notre assistant à maître
d'ouvrage c'est à dire celui qui est contractuel avec nous c'est la
DDE (Direction Départementale de l'Equipement), nous avons monté ce
dossier ensemble, construit le dossier ensemble, ça n'interdit pas à
la commission d'enquête d'y faire des remarques, ce que ça interdit
à la commission d'enquête à notre avis, c'est de bafouer et le
bafouer c'est de supprimer tous les avis, tous les arguments ou les
arguments politiques et démocratiques des gens qui soutiennent le
projet parce que, faut savoir qu'à chaque fois qu'on a développé
un thème, on a apporté une justification notamment technique
souvent dans tous les domaines. Aujourd'hui, les arguments repris par
la commission d'enquête, ce sont des avis de gens qui n'ont
absolument pas étayé leurs avis par la moindre démonstration
technique, technologique, etc .. donc voilà c'est à dire qu'il y a
150 personnes qui ont dit que ce serait dangereux d'accéder par là
et bien comme leur envie c'était de dire ce sera dangereux, il
confirme ce sera dangereux.
Un intervenant externe :
les arguments des opposants, c'était la dangerosité de la sortie,
c'était quoi ?
Christophe Chabot : Il y
en avait de multiples, vous savez, le premier argument il est
politique, il faut savoir que les premiers opposants au projet du
port de plaisance sont des gens …
Le journaliste : aux
dernières élections municipales, il y avait une liste contre vous
.. ?
Christophe Chabot : même
avant ça, les premiers qui se sont opposés à nous en 2001, quand
on l'a créé, sont des gens qu'on avait battus aux élections
municipales.
Le journaliste : je
voudrais juste revenir par rapport à ce qu'on disait sur les
conclusions des nombreux services de l'Etat. Le 9 mai 2011,
l'Autorité Environnementale qui est la Direction Régionale de
l'Environnement, qui est un papier signé par le préfet de Région,
disait déjà à l'époque : "les
nombreuses approximations méthodologiques du dossier, le vôtre,
portent à croire que le dossier actuel ne serait pas viable tant du
point de vue technique, économique"
. Je vous lis d'autres phrases en même temps : "les
problématiques importantes d'une part des mesures compensatoires ne
sont pas de réalisation certaine, le projet entraînerait la
destruction de zone humide au profit d'activités de loisirs qui
apparaissent peu cohérentes avec la logique de protection des zones
humides reconnue comme un enjeu majeur au plan international".
Je termine juste sur la conclusion du projet : "l'insuffisance
du dossier laisse présager si le projet était autorisé
l'apparition de problème de fonctionnement de l'infrastructure et la
mise en œuvre ultérieure d'adaptations majeures qui ne manqueraient
pas d'être encore plus dommageables pour l'environnement",
c'est le préfet de Région qui a signé ça à l'époque, vous
deviez vous dire à l'époque on est mal partis, non ?
Christophe Chabot : Oh
non, parce que le préfet de Région signe le document que la DREAL
lui a proposé qui est à peu près identique à ..
Le journaliste : il
regarde le préfet quand il signe quand même ?
Christophe Chabot : j'ai
un petit doute figurez-vous , j'ai un petit doute mais on en parlera
parce que, de tout façon, j'aurai l'occasion de le rencontrer
maintenant. Il faut savoir que la DREAL fait ce document-là à
charge comme elle le fait actuellement sur toutes les enquêtes
publiques que ce soit pour n'importe quoi. La DREAL se permet de
donner son opinion sur la navigabilité, sur l'aspect économique du
projet, ce qui n'est pas son rôle et surtout il faut bien savoir que
la DREAL, pendant les 10 ans, n'a participé à aucune des réunions
de travail organisées par l'Etat c'est à dire que la DREAL ne vient
pas aux réunions majeures de travail, n'est pas là pour étudier le
dossier et, au moment où on présente le dossier, cartonne le
dossier comme c'est dit dans le jargon.
Le journaliste :
Pardonnez-moi mais de tout ce que vous me dites les seuls arguments
qui sont bons sont les vôtres ?
Christophe Chabot : Non,
c'est bien plus clair que ça, moi mes arguments à moi y valent rien
pour une raison très simple, c'est que moi j'y connais rien donc à
l'inverse de tous les gens qui se disent experts ou spécialistes,
qu'est-ce qu'on a fait quand on a décidé de faire le port de
plaisance, d'abord on a demandé à la population si elle en voulait
un et ensuite on leur a dit voilà quel type de port il pourrait à
peu près se faire dans cet endroit qui nous paraissait sympa. Nous
la seule chose qu'on a faite sur ce dossier de port, c'est d'imposer
trois choses, trois critères, pas d'impact environnemental majeur,
pas de construction, d'urbanisation autour, pas d'impact sur la
fiscalité c'est à dire on s'est mis la barre tellement haute qu'on
n'était pas sûrs de pouvoir l'atteindre. Après qu'est-ce qu'on a
fait, on a confié toutes les missions, toutes les missions de
réalisation de ce dossier à des professionnels dans tous les
domaines et donc ce n'est pas mes arguments qui comptent, moi je ne
suis là que pour porter politiquement le projet, la réalité
technique du projet elle a été mise en place par des gens dont
c'est le métier, c'est tellement vrai d'ailleurs, c'est tellement
vrai que faut pas oublier une chose importante, c'est que quand le
préfet décide de mettre un dossier à l'enquête publique c'est
qu'il considère qu'il répond à toutes les normes environnementales
et que donc il est acceptable.
Le journaliste : c'est
surtout que ce dossier est complet ?
Christophe Chabot : il est
complet, il est complet, on a fait des efforts pour le compléter et
je remercie d'ailleurs le préfet, et la préfecture, qui nous a aidé
à présenter une copie recevable. Il nous a dit il faut améliorer
ci, il faut améliorer ça ..
Le journaliste : sur les
dossiers d'autoroutes, il y a parfois des opposants , ..
Christophe Chabot : Oui
mais attendez, on sait que le lobbying des opposants est très fort,
on sait aujourd'hui que les écolos sont derrière le lobbying, j'en
veux pour preuve que dans ce dossier, je regarde ce matin, tout à
l'heure, on a une réaction de notre sénateur Jean-Claude Merceron
et trois réactions de politiques environnementaux, voilà la
proportion des voix qu'on donne dans les médias notamment aux
opposants, la réalité n'est pas là.
Le journaliste : quand la
Direction Régionale de l'Environnement, ce n'est pas rien, dit que
ça entraîne la destruction de zone humide, c'est quand même ..?
Christophe Chabot : oui,
je vous confirme qu'on a prévu de creuser un trou de 2 millions de
m3, je vous confirme qu'il y a des endroits où ça va déplacer les
grenouilles et les crevettes en mer, voilà ça je crois qu'on l'a
fait … on oublie de prendre en considération que ce projet va nous
permettre de limiter l'urbanisation de notre commune, d'éviter la
construction de 4000 maisons donc aujourd'hui, c'est totalement
hallucinant.
Le journaliste : vous êtes
allé un peu loin sur certaines réactions, le communiqué de la
mairie d'hier est assez dur, vous dites, un rapport effectivement
consternant qui bafoue les services de l'Etat et le 25 mai, dans
Ouest-France suite à l'avis de la Direction de l'Environnement, vous
dites, cet avis est grotesque de la part d'un service qui n'a jamais
assisté à une réunion de travail, c'est le préfet qui a signé ?
Christophe Chabot : le
préfet comme le maire de Bretignolles, ils doivent prendre leur
responsabilité. Moi quand la DREAL donne un avis sur la navigabilité
de l'accès au port, elle est en dehors de son rôle, je suis désolé,
je confirme maintenant effectivement, après chacun a son sens de la
formule. Moi je considère que la DREAL qui n'a pas participé aux
réunions de travail et qui n'est là que pour massacrer les projets
qui sont faits aujourd'hui, ne joue pas son rôle. J'assume les
propos, alors bien sûr ça m'a pas servi personnellement mais c'est
pas grave.
Le journaliste : c'était
pas le projet non plus ?
Christophe Chabot :
ça j'en suis pas sûr
Le journaliste : vous
pensez ?
Christophe Chabot : on
verra
Troisième partie de l'interview
Le journaliste : un mot
sur la question d'enquête, plusieurs d'ailleurs, à la page 20, la
commission d'enquête avait dit : "il
est très surprenant qu'un projet de cette envergure, 45 millions
d'euros donc, soit porté par une commune de 3600 habitants seule,
les maires de la communauté de communes, entendus par la commission
d'enquête, à laquelle appartient Bretignolles ont évoqué et
regretté cet aspect".
Effectivement n'est-ce pas un projet un peu lourd pour une commune
comme la vôtre ?
Christophe Chabot :
Ecoutez, je vais vous dire très clairement pourquoi on l'a pas
proposé à l'intercommunalité, c'est tout simplement parce que, de
façon un peu égoïste, nous savons que ce projet est extrêmement
rentable pour les finances publiques de la commune c'est à dire ça
rapporte beaucoup d'argent, donc effectivement on ne l'a pas proposé
à l'intercommunalité. Maintenant je peux vous dire que j'ai noté
qu'à priori il y aurait un maire qui regrettait que le sujet n'ait
pas été évoqué donc pas les maires de la communauté de communes
et je vais leur soumettre, il n'y a pas de problème, si demain comme
condition pour avoir le port de plaisance il faut qu'il devienne
communautaire pourquoi pas en sachant qu'il faudra, qu'à ce
moment-là, celui de Saint-Gilles le devienne et il m'étonnerait que
la ville de Saint-Gilles-Croix-de-Vie ait envie que son port devienne
communautaire. donc ça fait partie ..
Le journaliste : Et le
financement c'est viable pour vous 30 millions d'euros assumés par
une commune, la commission souligne qu'au départ vous deviez avoir
une subvention de 9 millions d'euros du Conseil Général et
finalement ce n'est que 4 millions d'euros ?
Christophe Chabot : Mais
oui mais c'est pas nous devions avoir, il y a plusieurs semaines
d'effectués. Aujourd'hui nous savons qu'avec 33 millions d'euros de
dépenses, même avec 35, soyons prudent, mais c'est 33, c'est un
marché aujourd'hui, c'est un marché forfaitisé, il n'y a pas de
risque qu'il augmente, on a passé un marché , je dirai un mot
là-dessus après si vous le voulez bien. On sait qu'avec ce port
plein évidemment, mais je ne vois pas comment il ne pourrait pas
l'être, non seulement on amortit largement mais, dès la première
année, on sort 200 000 euros de résultat et il n'y a pas besoin
d'avoir fait Saint-Cyr ou polytechnique pour le comprendre. Il est
très clair que les résultats financiers de 1000 anneaux c'est une
manne financière intéressante, c'est une des raisons pour
lesquelles on a imaginé le projet, c'est clair, donc voilà, les
études financières faites par l'Etat , je dis bien faites par
l'Etat, le confirment. Aujourd'hui il n'y a que la commission
d'enquête qui dit que financièrement ce projet n'est pas tenable et
la DREAL mais qui n'a aucune compétence et savoir faire sur ce
sujet.
Le journaliste : la
commission fait des suggestions notamment que le projet devienne
intercommunal et également, éventuellement, que vous envisagiez
d'autres sites la Gachère à l'embouchure de l'Auzance ou la
Jonchère.
Christophe Chabot :
Ecoutez, la Jonchère c'est dans le sud du département, c'est une
bonne idée de proposer aux Bretignollais d'aller faire leur port au
sud du département, c'est une idée remarquable et puis l'Auzance
c'est quand même l'endroit Natura 2000 par excellence du
département, il faudrait que les élus de Bretignolles soient
vraiment déraisonnables pour aller proposer l'implantation d'un port
de plaisance sur ce site et puis je peux vous dire que si on le
proposait il n'aurait pas passé le stade des premiers rendez-vous à
la préfecture voilà un des aspects grotesques des propositions. On
nous dit le port de plaisance de Bretignolles pourrait se situer sur
l'Auzance, au cœur d'une zone Natura 2000 ce qui est absolument
interdit ou dans le sud du département.
Le journaliste : alors,
parlons d'avenir, aujourd'hui la commission d'enquête a donné son
avis, le préfet maintenant il a combien de temps pour trancher ?
Christophe Chabot : 6 mois
Le journaliste : 6 mois
pour trancher, le nouveau préfet de Vendée n'arrivera que début
janvier .. En général le préfet n'invalide pas l'avis de la
commission d'enquête, c'est quand même assez rare, il y a de forte
chance qu'il la suive, qu'est-ce que vous allez faire quand il va
annoncer sa décision ?
Christophe Chabot : Alors,
déjà on fait des choses avant qu'il l'annonce.
Le journaliste : Alors le
7 janvier, vous l'annoncez dans votre communiqué, vous dites, nous
entamerons ce jour un combat et présenterons à la population un
important plan d'actions à la cérémonie des vœux.
Christophe Chabot : oui
parce que, la première chose que l'on va faire, c'est qu'on va
consulter les Bretignollais s'ils veulent que nous combattions ou
pas, je connais le résultat.
Le journaliste : vous
voulez faire un référendum ?
Christophe Chabot : on va
les consulter sous une forme ou sous une autre.
Le journaliste : qui est
déterminée ou vous ne voulez pas la donner encore ?
Christophe Chabot : c'est
encore un peu confidentiel.
Le journaliste : on ne
peut pas consulter une population autrement que par un référendum à
priori ?
Christophe Chabot : c'est
pas un référendum, c'est une consultation parce qu'un référendum
c'est très réglementé, une consultation permet de faire des choses
plus largement et notamment de solliciter les résidents secondaires
qui ont leur mot à dire sur le plan économique quand ils sont à
Bretignolles.
Le journaliste : donc
la consultation se ferait quand par contre ?
Christophe Chabot :
on n'a pas défini encore et c'est les Bretignollais qui vont
décider, à partir de là on va mener un certain nombre d'actions. A
l'heure où je vous parle, compte tenu des échanges que j'ai eus
avec nos avocats et un certain nombre de services de l'Etat, nous
allons demander au préfet de surseoir à cette décision, à cet
avis, de ne pas prendre de décision. S'il ne le fait pas, ce qui est
possible, j'en sais rien, nous pensons qu'il ne sera pas très
difficile d'obtenir qu'il y ait, de nouveau, une enquête publique.
Nous allons nous employer à faire invalider cette enquête publique
et pour le faire nous allons, si besoin est, sortir les muscles parce
que jusqu'à maintenant on a été respectueux de toutes les
procédures, on a encaissé beaucoup de coups maintenant on va
peut-être commencer à en distribuer un peu parce que ..
Le journaliste : sortir
les muscles, ça veut dire quoi pour vous ?
Christophe Chabot : c'est
mobiliser la population, montrer qu'à l'inverse des opposants qui,
quand ils font une manifestation, sont 50, 60, 70, je peux vous dire
que la première fois où on va sortir, je pense que les caméras de
TV Vendée seront là.
Le journaliste : elles
étaient là aussi pour les opposants.
Christophe Chabot : oui
vous avez des images qui montrent 150 personnes au cœur de l'été à
un moment où nous sommes 50 000 dans la commune et voilà ce qu'on
appelle aujourd'hui la majorité des Bretignollais parce que la
commission n'a pas un mot, pas un mot, pour les 75% d'avis
favorables, c'est quand même "énormissime",
il n'y a pas une enquête publique sur les quinze dernières années
qui a donné 75% d'avis favorables.
Le journaliste : comment
vous pouvez l'obtenir, il faut déposer un recours ?
Christophe Chabot : on va
déposer des recours, oui bien sûr, et puis le préfet peut lui
juger effectivement que cette enquête n'est pas loyale.
Le journaliste :
C'est pour quand l'ouverture de ce port ?
Christophe Chabot : nous
on pensait pouvoir démarrer les travaux en septembre 2012 et ce qui
est grave aujourd'hui, dans ce qui arrive, c'est que malheureusement
on recule considérablement les échéances et ce qui est dramatique
sur le plan économique, au delà de l'intérêt national, ce qui est
dramatique c'est que si nous obtenons les autorisations dans 2 ou 3
années nous n'aurons plus la garantie d'avoir un chantier à 33
millions d'euros, donc voilà c'est un drame absolu.
Le journaliste : Et le
coût jusqu'à présent de ce port est de combien pour la commune ..
en terme d'études .. ?
Christophe Chabot :
Aujourd'hui, les études .. nous avons dépensé 1,6 million d'euros
sur 10 ans, 160 000 euros par an. A l'échelle du budget de la
commune c'est tout à fait raisonnable. Là encore il y a un enjeu
important, ces 1,6 million d'euros, dont je vous parle, font partie
des 33 millions d'euros, qu'on soit bien d'accord, c'est à dire que
si le port se fait ces 1,6 million d'euros seront amortis par le
fonctionnement du port, s'il ne se fait pas c'est une perte sèche
considérable. On nous suggère aujourd'hui d'arrêter les dépenses,
la meilleure façon d'éviter les dépenses inutiles c'est de faire
en sorte que le port se réalise, aujourd'hui on n'a plus le choix.
Le journaliste : si la
population ne vous soutient pas lorsque vous ferez la consultation,
vous arrêterez le projet ?
Christophe Chabot : Comme
je vous le dis à chaque fois, on a consulté à toutes les étapes
importantes du projet de port de plaisance, la population a été
consultée, bien sûr, c'est nous-mêmes hier soir qui avons pris la
décision de la consulter de nouveau et je peux vous dire que les
choses sont très claires, elles sont d'autant plus claires que je
dois vous avouer, qu'à titre personnel, il me semble que je serais
peut-être un peu plus à l'aise et un peu plus heureux si je n'avais
pas ce dossier à porter. Je viens d'y passer les 10 dernières
années de ma vie, avec l'accord de mon épouse et de mes enfants, je
suis prêt à y passer les 10 prochaines années, c'est les
Bretignollais qui vont en décider »
Les promesses de
Christophe Chabot, faites au cours de cette interview à TV Vendée,
n'avaient pas été tenues : il n'y avait pas eu de nouvelle
consultation publique des Bretignollais après les résultats de
l'enquête publique de 2011 et il n'y avait pas eu de nouvelle
enquête publique sur le dossier de port de plaisance de Bretignolles
de 2011.
Le 21 décembre 2011, dans
un communiqué, la mairie de Bretignolles-sur-Mer appelait à la
mobilisation : « L'heure est à la
mobilisation. Merci aux centaines de
personnes qui nous ont adressé depuis 2 jours des messages de
soutien et d'encouragement à ne rien lâcher. Après le K.O., l'heure
est à la mobilisation générale.
Comme annoncé, nous
présenterons notre plan d'actions lors de la cérémonie des vœux
de la municipalité, le samedi 7 janvier 2012 à 18 heures à la
salle des fêtes de Brétignolles
sur Mer.
D'ores et déjà, nous
invitons les Brétignollais, les Vendéens et tous ceux qui
souhaitent soutenir notre projet à retenir la date du samedi 4
février 2012 pour participer à une importante manifestation dont
l'objectif et le lieu seront communiqués
prochainement. Ce premier rendez-vous est
important et déterminant pour l'avenir de notre combat !
Nous comptons sur vous »
En janvier 2012,
l'association « Bretignolles Veut Son Port » était créée et
remplaçait « Cap 2011 »
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