Chapître : Le début de la fin (2019)
5 - La confrontation dans les médias
Le 22
octobre 2019, lors de l'émission « Littoral en danger, quelles
solutions ? » sur TV acteurs publics, le journaliste avait
interpellé Stéphane Buchou, député de la Vendée et soutien de
Christophe Chabot, sur le projet de port de plaisance de
Bretignolles-sur-Mer :
« Le
journaliste : vous venez de Vendée et là il y a un maire
aujourd'hui qui a décidé, contre toute logique et contre les avis
même des plus grands spécialistes, des océanographes, de
construire un port et de détruire une dune, c'est en Vendée, donc
la prise de conscience elle est lente, c'est vrai qu'il y en a une
par rapport à 2006 mais on sent encore aujourd'hui que des maires ne
sont pas tous derrière cette idée qu'il faut absolument s'adapter
au changement climatique et l'idée de s'opposer à la nature c'est
ce qui se passe en Vendée avec la construction prochaine de ce port,
c'est terrible quoi !
Stéphane
Buchou, une réponse très confuse, : vous me permettez, je veux
apporter une petite nuance aux propos que vous tenez, je ne serai pas
aussi affirmatif que vous, en tous les cas je ne le dirais pas de la
même manière, c'est à dire que moi je considère qu'il y a
aujourd'hui une véritable prise de conscience, après c'est la
manière dont on traite la suite. Aujourd'hui, moi je ne connais pas
de maire d'une commune du littoral, touchée par l'érosion côtière,
qui vous dit que ça n'existe pas, c'est dans ce sens-là que je vous
dis qu'il n'y a plus de déni après c'est la manière on traite la
question, Alors vous parlez effectivement d'un projet de port de
plaisance qui, à mon avis, si je peux me le permettre, on est un
petit peu hors sujet, je connais bien le dossier, c'est dans ma
circonscription. Je ne suis pas en train de dire qu'il faut faire ce
port-là mais juste dire qu'aujourd'hui il y a, je pense, une
véritable prise de conscience, ça nécessite quand même, on le
voit bien, c'est le cas dans ma mission, on voudrait passer d'une
logique, on voudrait parce que on n'est pas les seuls décideurs,
l'Etat ne peut pas tout, on voudrait passer d'une logique
d'aménagement du territoire, donc d'adaptation de résilience de ces
territoires-là, à une logique, et vous l'avez dit tout à l'heure,
de lutte active, de lutte dure contre la mer. Moi je dis souvent,
l'homme a essayé de lutter contre l'inéluctable et on ne lutte pas
contre l'inéluctable et c'est vrai qu'aujourd'hui cette prise de
conscience de dire au final on ne va pas gagner contre la mer. Il
faut aussi considérer, à l'aune des 40, 50, 60 dernières années,
qu'il va encore falloir un petit peu de temps pour que tout ça se
mette en œuvre mais je sais aussi qu'on manque de temps, il faut
aussi aller vite. Mais n'oublions pas que, vous parlez de changement
climatique, de montée des océans, une des principales raisons de
l'érosion côtière aujourd'hui et du phénomène de submersion
c'est quand même l'action de l'homme, c'est quand même l'anthropisation de l'urbanisation des littoraux, ça veut dire qu'il
faut qu'on change totalement de modèle, de paradigme, c'est une
remise en question, c'est une vraie remise en cause et on va essayer
de faire en sorte qu'elle aille le plus vite possible mais il faut
laisser aussi un peu de temps »
Le 27
octobre 2019, dans l'émission Dimanche Politique de FR3 Pays de la
Loire « Peut-on aménager le territoire sans conflit ? »,
Christophe Chabot et Françoise Verchère, de l'association Anticor,
étaient intervenus
«
Christophe Chabot : on est dans un phénomène de société où il y
a une catégorie de gens qui éprouvent le besoin de contester ce qui
se fait, même si c'est légitime, même si vous avez franchi toutes
les étapes de la légitimité sur ce dossier. J'ai été élu et
réélu trois fois sur la base de ce projet. Mes équipes et moi
avons fait un travail fabuleux et puis, madame, 80% des Bretignollais
veulent le port à Bretignolles, moi j'ai pas de problème avec les
Bretignollais sur sur ce dossier. Les gens qui sont aujourd'hui sur
le terrain ne sont pas des Bretignollais. Il y a une poignée de
Bretignollais qui font de la politique et de la polémique, c'est
leur droit mais c'est pas les habitants de Bretignolles qui empêchent
aujourd'hui ce dossier d'avancer.
Françoise
Verchère : j'ai envie de vous dire, il a sans doute à regarder ce
que veut sa population mais il a aussi à regarder l'intérêt
général et l'intérêt général peut dépasser, et de très loin,
l'intérêt propre d'une collectivité locale et des habitants de
cette collectivité. La question du climat, la question des zones
humides nous concerne partout où elles sont détruites. Si je
m'étais intéressée qu'à mon propre problème devant ma porte et
dans ma commune, je ne me serais jamais battue pour le bocage de
Notre-Dame-des-Landes
Christophe
Chabot : nous ne sommes plus légitimes, auprès d'une catégorie de
la population, les élus mentent, les experts qui travaillent pour
les élus mentent, c'est la théorie du dossier, c'est le grand
complot. Les gens nous disent que tout ce que dit l'élu et les
experts qui ont travaillé sur le dossier, c'est faux, c'est un
menteur, tout est truqué, tout est acheté, par contre le moindre
sachant, parce que on en croise beaucoup dans les opposants, moi je
suis sachant, je sais de quoi je parle sauf qu'il n'a pas ouvert le
dossier et que quand il dit, par exemple, si le port avait existé au
moment de Xynthia, il ignore que ça aurait été le seul port de
Vendée qui n'aurait pas débordé parce qu'il est construit pour ça.
Si on laisse ça faire, on abandonne la République, moi si je laisse
ça faire, si je ne me bats pas et si les Vendéens ne se battent pas
à mes côtés, c'est très clair, on abandonne la République
Françoise
Verchère : le problème c'est que la plupart des élus sont restés
sur un raisonnement d'avant-hier à la fois sur le modèle de
développement, on le voit bien, ils continuent à artificialiser, à
détruire les zones humides, à prendre de la terre agricole en
pensant et en répondant toujours emploi/développement. Nous ne
sommes plus dans les trente glorieuses donc il faut que l'on change
radicalement de paradigme. Et par ailleurs, les procédures de
démocratie sont aujourd'hui assez formelles, c'est à dire on vous
donne la parole et on dit on vous a entendu mais je fais quand même
autre chose, donc il y a à retrouver une nouvelle manière de
décider collectivement, ce n'est pas simple mais les élus qui
disent on ne peut plus rien faire ont tort parce que si on regarde la
liste des projets qui se font, je peux vous dire qu'ils continuent à
aménager le territoire et très peu à le ménager »
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