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La riposte des opposants

 Chapître : Le début de la fin (2019)

1 - La riposte des opposants

Le 8 août 2019, dans le journal des Sables, Thierry Biron haussait le ton : « c'est maintenant un préfet sourd aux opposants, qui ne connaît pas le territoire et ses enjeux et qui, de toute façon, ne se soucie pas de ce qui se passera sur le Pays de Saint-Gilles si ce projet aboutit car il aura depuis longtemps quitté la Vendée pour une nouvelle mission. Cette décision, c'est bien l'apologie du lobbyisme et le triomphe de l'argent qu'elle illustre. Christophe Chabot ne cesse de parler d'écologie progressiste alors même que cette expression est une aberration étymologique. L'écologie c'est d'abord respecter, protéger et valoriser ce qui est existe, et non détruire, vouloir dompter la nature ou encore déplacer les espèces »

Le 10 août 2019, l'association La Vigie avait fortement mobilisé lors de sa réunion publique annuelle et de nombreuses associations environnementales étaient présentes. 
L'association avait accusé le préfet de la Vendée d'avoir « sacrifié le littoral de Bretignolles-sur-Mer » en signant la DUP du projet de port de plaisance , « un projet inutile entaché de lourdes irrégularités », et avait dit poursuivre le combat sur le plan juridique encourageant le public à y participer. 
Le représentant de France Nature Environnement était intervenu et avait signalé que les services de l’Etat étaient opposés au projet de port de plaisance mais que le préfet de Vendée était passé outre, ayant décidé seul sur ordre supérieur.

Le 13 septembre 2019, l'association La Vigie avait déposé un recours juridique à l'encontre de la Déclaration d'Utilité Publique du préfet de la Vendée.
C'est aussi à cette période que l'association La Vigie avait mis en place un groupe de communication « #balancetonport » pour investir le réseau social et pour alerter les médias nationaux.

Le 18 septembre 2019, le Canard Enchaîné était le premier média national à consacrer une tribune à « #balancetonport », celle du professeur Canardeau. Dans cette tribune, des affirmations de Christophe Chabot étaient reprises et moquées.
« Christophe Chabot : le premier port de plaisance à impact environnemental positif, c'est un projet que je porte depuis 2001 qui n'aura aucun impact environnemental et ne va pas coûter un sou au contribuable
Le professeur Canardeau : le bonheur
Christophe Chabot, concernant la dune de la Normandelière : cette dune n'a aucun statut, pas de valeur, alors oui, on va la couper
Le professeur Canardeau : dit le maire exemplaire
Christophe Chabot concernant la zone d'intérêt écologique, faunistique et floristique englobant les plages depuis La Chaume , au sud, jusqu'à la dune du Marais-Girard (Bretignolles-sur-Mer), au nord : on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs
Le professeur Canardeau : des œufs bio, sans doute !
Christophe Chabot, concernant la carrière de Brethomé, une réserve d'eau de 340 000 m3 : elle ne sert à rien, on va la vidanger, la boucher avec des terres de déblaiement et en faire un endroit extraordinaire d'où on aura une vue magnifique sur le port
Le professeur Canardeau : boire ou construire, il faut choisir !
En conclusion le professeur Canardeau prédisait : sûr que les écolos vont se précipiter ! »

Le 20 septembre 2019, le Journal Ouest-France titrait : « Bretignolles-sur-Mer. Les travaux préparatoires du port ont débuté » et annonçait « les associations opposées au port de Bretignolles-sur-Mer organisent un rassemblement dimanche 6 octobre à la Normandelière »

Le 26 septembre 2019, le Journal des Sables relatait l'assemblée générale de l'association « Bretignolles Veut son Port » et l'intervention de Christophe Chabot : « je vous donne rendez-vous dans 3 ans, 5 ans, 10 ans ou 15 ans ! Sur le côté positif de l'environnement, il y aura beaucoup plus de grenouilles, de vipères, de crevettes ou de bars que nous n'en comptons actuellement ! Nous ne voulons pas, non plus, du port dont parlent nos opposants et, si c'était le cas, nous irions manifester avec eux ! »

Le 26 septembre 2019, le conseil communautaire du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie donnait pouvoir à Christophe Chabot pour la réalisation du prêt de financement du port de plaisance de Brétignolles-sur-Mer et pour la signature du marché de défrichage et de terrassement dans le cadre de la création du Port de Brétignolles sur Mer.
Lors de ce conseil communautaire, Thierry Biron avait interpellé Christophe Chabot sur la réserve d'eau de la carrière de Brethomé : « pourquoi ne pas conserver cette eau pour un projet agricole, en maraîchage bio par exemple ». Christophe Chabot, s'appuyant sur des études de Vendée Eau, avait rétorqué : « on sait qu'à long terme, la ressource en eau sera rare, l'accès y est déjà difficile pour les agriculteurs qui traversent des épisodes de sécheresse. On pourrait garder l'eau pour parer à des problèmes d'incendies ou tout simplement pour irriguer l'immense espace autour du projet de port, déjà lors de la mise en place des végétaux. Ce n'est pas possible »









Le 1er octobre 2019, un arrêté municipal interdisait la circulation dans l'emprise du projet de port de plaisance et les pelleteuses terrassaient la dune de la Normandelière pour déplacer le sable à un autre endroit. C'était le début des travaux du projet de port de plaisance.
Les photos de la dune, partiellement détruite, avaient suscité l'émoi sur les réseaux sociaux et la désolation de la population locale, certaines personnes pleurant même devant le massacre se déroulant devant leurs yeux.










Le 6 octobre 2019, près de 2500 personnes, répondant à l'appel des associations, La Vigie, Demain Bretignolles et Surfrider en particulier, avaient manifesté pour dire non au projet de port de plaisance à Bretignolles-sur-Mer. Après une fresque humaine, en forme de SOS sur la plage, organisée par Surfrider et #balancetonport, le cortège s’était dirigé, dans une ambiance bon enfant, vers le site de l’ancienne ferme de la Normandelière où avait été érigé un village des associations. De nombreuses associations environnementales participaient à l'événement ainsi que des organisations politiques.

Le député Modem du Morbihan, Jimmy Pahun, membre de la commission du développement durable, avait tenu un discours sans ambiguïté :
« Ça me semblait logique de venir avec vous ce matin soutenir votre opposition à ce port. Quand on en a un à 5000 au-dessus qui est le port de Saint-Gilles, un magnifique qui est celui des Sables d'Olonne à 15 000 en-dessous, on ne va pas en faire un troisième pour que ça va, ça n'a pas de sens. S'il faut agrandir les ports, peut-être s'il faut les modifier, s'il faut les adapter mais là, quand même, on est sur un site absolument magnifique, on a vu ce matin qu'il y avait assez peu de vent et pourtant la mer brisait, on a vu qu'il y avait quelques caillasses devant la dune qu'il faudra automatiquement dérocter. Ce n'est plus des projets qu'il faut faire actuellement, on est dans un moment où il faut se calmer, on est dans un moment où il faut qu'on arrive à vivre ensemble et, s'il vous plaît, je vous promets que j'en parlerai, dès demain, à mon collègue (Stéphane Buchou) et que nous suivons ce dossier, ce projet, et que nous allons essayer, comme vous l'avez dit tout à l'heure président (Jean-Baptiste Durand) que le bon sens l'emporte ». 
Dans le Journal Ouest-France du 6 octobre 2019, Jimmy Pahun avait précisé « ça n’a pas de sens de refaire un troisième port entre Saint-Gilles et Les Sables, surtout dans cette zone maritime qui n’est pas adaptée. J’en parlerai à Stéphane Buchou (député LREM de la circonscription où se trouve Brétignolles) et au gouvernement. J’ai déjà montré les photos des premiers travaux à Élisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire) »

Jean-Baptiste Durand, président de l'association La Vigie , avait conclu « on sent un élan solidaire contre ce projet. Cette manifestation ce n’est que le début » et avait rappelé le dépôt de nombreux recours en justice. Il avait annoncé un rassemblement le 19 octobre devant la préfecture à La Roche-sur-Yon.

Le 6 octobre 2019, malgré une tentative d'empêchement du groupe d'opposition politique local, la ferme de la Normandelière avait été temporairement occupée. Interviewé par un journaliste, Julien Durand (figure de la lutte dans la ZAD de Notre-Dame-des-Landes), présent à la manifestation, avait noté « il y a une résistance qui s'installe et c'est bon signe. Il faut sans doute passer la vitesse supérieure » mais il constatait que la mobilisation était déjà forte par rapport au début du mouvement à Notre-Dame-des-Landes : « en 2001, nous n'étions que 500 pour la première mobilisation contre le projet d'aéroport ».

Le 7 octobre 2019, France Bleu Loire Océan donnait la parole à Christophe Chabot :
« La journaliste : Pourquoi êtes vous obstiné ?
Christophe Chabot : il ne s'agit nullement d'obstination madame
Le journaliste : vous vous êtes battu, en tout cas, pour remettre ce projet en vie
Christophe Chabot : je me suis battu au nom de tous, avec tous les Bretignollais. Mais contrairement à ce que vous dites , il n'y a pas une grosse opposition à ce projet de port
La journaliste : il y a quand même plus de 2000 personnes qui ont manifesté
Christophe Chabot : la journée d'hier a été un joli succès, c'est vrai, pour les organisateurs, des gens sont venus de la France entière sur un malentendu notoire
La journaliste : alors pourquoi il faut absolument un port à Bretignolles ?
Christophe Chabot : j'ai cru comprendre qu'on avait 1mn30 à 2 mn donc ce serait …
La journaliste : si vous ne voulez pas répondre à mes questions, ce sera encore plus court
Christophe Chabot : si vous voulez madame, très bonne journée, au revoir
Le commentaire de la journaliste : Christophe Chabot ne nous expliquera donc pas pourquoi il faut un port à Bretignolles »


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